Débats

Et ta mère !

Publié le : 06/04/2022

L’une des plus grandes illusions collectives des Français est de se croire très protégés parce qu’ils dépensent beaucoup en taxes et cotisations. Ils sont certes protégés, mais loin d’être très protégés et encore plus loin d’être bien protégés. La preuve en est dans les scandales incessants qui nous viennent du monde de la dépendance, du grand âge et des EHPAD.

Ce sont statistiquement nos mères et leurs sœurs qui en sont victimes. Le risque de développer des maladies dégénératives entre trois et cinq ans avant la fin de vie frappe plus du tiers des plus de 85 ans.

De quoi ont besoin nos mères à la fin de leurs vies ?

D’un environnement sûr, sociable et douillet. Souvent c’est ce confort qu’elles ont elles-mêmes apporté à nos pères ou à leurs frères avec un dévouement et une énergie farouche. Elles se retrouvent aujourd’hui seules et parfois touchées par ces maladies du grand-âge.

Il n’est plus possible de les laisser isolées chez elles. Et là commence le drame.
Pour assurer un environnement satisfaisant en termes de sécurité, de sociabilité et de confort il faudrait beaucoup d’argent : de l’ordre de 200 euros par jour. A cette condition, les personnels seront suffisants, bien formés et motivés, ils pourront développer la sociabilité du patient et être constamment attentifs à ses besoins.

C’est l’idéal, mais qui en pratique peut dépenser 6000 euros par mois pour ses parents ? Personne ne le peut et les dépenses déjà très lourdes qui forcent les familles à des arbitrages patrimoniaux difficiles sont en pratique insuffisantes pour un idéal de vie en dépendance.

Au-delà, de l’évidence de la tristesse du vieillissement, la misère de la solitude, de l’inconfort, de l’hygiène imparfaite sont des réalités tangibles qui tiennent à l’absence de financement. La qualité des structures, l’incurie ou la probité de leurs gouvernances – qu’elles soient publics sociales ou privées – n’empêche pas qu’au final, l’argent manque.

Il faut y remédier dans l’urgence, les prévisions démographiques sont connues et le phénomène s’amplifie. Il ne faut pas abandonner tout ce qui a été fait depuis des années pour le grand âge mais au contraire accélérer l’effort. Un plan d’urgence qui permettrait aux familles de financer tout en bénéficiant de crédit d’impôt pourrait régler une partie du problème, la partie, la plus urgente. Rien n’empêcherait dans l’avenir, l’État de réduire cette charge considérable par la mise en place d’une assurance dépendance obligatoire.

Il faut aller vite !

Qu’est-ce qu’une société qui se prétend attachée à sa protection sociale et qui laisse ses mamans mourir dans la détresse ?
À tous les candidats, une seule question impérieuse : et ta mère ?

Par François-Xavier Albouy
pour le Club Landoy

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