Analyse

Attachés au modèle social français, les actifs peinent à le décrypter au travers des lignes de leur fiche de paie

Publié le : 29/09/2025

Le Club Landoy avec Viavoice publie une étude inédite « La fiche de paie, miroir social. Le grand flou du brut au net »

Paris, le 30 septembre 2025 – À l’occasion des 80 ans de la Sécurité sociale, le Club Landoy, en partenariat avec Viavoice, présente son enquête sur la compréhension par les salariés de leur fiche de paie, et à travers celle-ci, de notre modèle social. Les réponses révèlent le flou qui persiste autour des cotisations sociales et de leurs contreparties ou encore de la logique du système de retraite par répartition. Elles montrent l’ampleur du besoin d’information des salariés pour anticiper leur avenir dans une société en vieillissement.

Une fiche de paie et un modèle social très populaires

Les réponses apportées par un échantillon représentatif de 1000 salariés issus du secteur public et du secteur privé montrent que la fiche de paie est le mensuel le plus lu par les Français et avant tout pour y vérifier le montant qui sera versé sur leur compte bancaire.

Chaque mois, la fiche de paie est consultée à sa réception par 74 % des actifs salariés, soit en moyenne 15 millions de Français sur les 20 millions d’actifs salariés que compte notre pays. La fréquence de lecture mensuelle se renforce nettement avec l’âge (10 points d’écart entre les + 50 ans et les 25-34 ans), avec la taille de l’entreprise (8 points d’écart entre les entreprises de + 100 salariés et celles de -10 salariés) et selon la nature du secteur (14 points d’écart entre les salariés du privé et ceux du public). Autrement dit, plus le salarié est âgé, plus il travaille dans une grande entreprise, qui plus est dans le privé, plus il consulte régulièrement sa fiche de paie. En outre, 83 % des lecteurs de la fiche de paie vont directement regarder le salaire net, loin devant le salaire brut (6 %), le montant de l’impôt prélevé à la source (5 %) ou les RTT et congés payés (3 %).

Parallèlement, près de deux salariés sur trois (63 %) se disent attachés au système de protection sociale tel qu’il fonctionne aujourd’hui.

Des incompréhensions sur les cotisations

Dans le détail, les réponses révèlent cependant des incompréhensions et des erreurs d’interprétation sur la fiche de paie : seuls 13 % des salariés déclarent comprendre toutes les cotisations inscrites sur leur fiche de paie, tandis que 66 % disent n’en comprendre que quelques-unes et 20 % aucune.

L’ordre de grandeur des cotisations n’est pas non plus clair pour la plupart des salariés : lorsque l’étude interroge les sondés sur le classement des grandes familles de cotisations, seuls 37 % des sondés placent correctement les retraites en première place, et ils ne sont que 19 % à citer la maladie en 2ème place et 19 % à mentionner les cotisations chômage en 3ème place.

Une méconnaissance de la logique du système par répartition

La majorité (55 %) des salariés avoue rencontrer des difficultés à comprendre la contrepartie des prélèvements obligatoires figurant sur la fiche de paie. Seule une courte majorité (52 %) a conscience que ses propres cotisations retraites ne financent pas sa future pension de retraite. Sur les 48 % restants, 37 % pensent l’inverse et 11 % ne savent pas répondre.

Alors que le débat public s’anime régulièrement autour de la question des retraites, la moitié des salariés semble ne pas comprendre la logique intergénérationnelle et par répartition qui régit notre système de retraites.

Par ailleurs, 68 % des sondés pensent avoir accès à l’assurance maladie grâce à leurs cotisations santé, alors même que cet accès est universel : il s’agit d’un droit financé par les cotisations mais qui n’est pas conditionné à leur seul versement.

Confusion autour de la CSG

La Contribution sociale généralisée (CSG), affectée principalement au financement de la protection sociale, est largement incomprise par la majorité. En effet, 59% des sondés avouent d’eux-mêmes ne pas savoir à quoi sert la CSG prélevée sur leur salaire.

De plus, 44 % des salariés qui déclarent savoir à quoi sert la CSG prélevée sur leurs salaires répondent de manière erronée qu’elle finance, entre autres, la dette publique. Ce faisant ils la confondent avec la Contribution au Remboursement de la Dette Sociale (CRDS), un impôt destiné à résorber l’endettement de la Sécurité sociale.

Le flou du salaire brut

L’étude dévoile également que la distinction entre cotisations sociales patronales et salariales n’est pas claire. Effectivement, 48 % des salariés pensent que les cotisations patronales, qui figurent pourtant sur leur fiche de paie, ne font pas partie de leur salaire tandis que 23% d’entre eux pensent l’inverse et 29% ne savent pas répondre à la question posée.

En conséquence, seuls 17 % des sondés choisissent, parmi 4 définitions du salaire brut proposées, celle qui est exacte : « ce que l’employeur doit au salarié après avoir payé les cotisations patronales ». Par contraste, 64% optent pour la formulation selon laquelle le salaire brut correspondrait à ce qui serait dû par l’employeur « avant tout prélèvement obligatoire ». Cette définition erronée, selon laquelle les cotisations sociales patronales seraient étrangères au salaire, fausse les négociations salariales basées sur le seul salaire brut, éclipse le co-financement des droits sociaux du salarié par son employeur et biaise la perception du salarié sur son coût total pour l’employeur.

Focus sur la tranche 18-24 ans

Cette étude révèle que les jeunes de 18 à 24 ans sont ceux qui consultent le moins souvent leur fiche de paie : 63 % la lisent chaque mois, contre 74 % des actifs en moyenne. Parmi eux, seuls un tiers savent qu’ils ne financent pas leur future pension de retraite par leurs propres cotisations, contrairement à la majorité des plus de 35 ans (55-57 %) qui le sait. Enfin, cette tranche d’âge elle la moins attachée au système de protection sociale : 53 %, soit moins que les plus de 50 ans (71 %).

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